La victoire d’une machine au jeu de Go interroge sur les progrès de l’intelligence artificielle

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Le calculateur informatique Alphago vient récemment de battre Lee Sedol, un des meilleurs joueurs mondiaux, devenant le premier programme battant sans handicap un joueur classé au niveau maximal (9e dan professionnel).

Alphago est un programme informatique, un super calculateur, un dispositif d’intelligence artificiel qui a été conçu et mis au point par la société Google pour être capable de jouer au jeu de go et affronter les meilleurs joueurs de la planète. Je ne vais pas expliquer le jeu de go à nos lecteurs, mais simplement souligner que le nombre de combinaisons possibles à ce jeu est quasi infini et en proportion les combinaisons n’ont pas à ce jour d’équivalent dans les jeux de société comme par exemple le jeu des échecs.

Le dispositif Alphago utilise un langage informatique et des algorithmes qui lui permettent ainsi de renforcer l’auto-apprentissage pour résumer et faire simple, c’est ce qui permet de souligner la dimension d’intelligence artificielle développé dans cette machine qui serait en partie dotée « d’intuition et de créativité », les guillemets ici soulignent ma prudence, les composants technologiques n’ont pas d’équivalent avec l’intuition et la créativité d’un être humain, même si l’homme n’a pas les capacités de calculs de la machine, il reste doté d’esprit et de créativité, ce qui me semble être le propre de l’homme, la machine n’ingurgitant que des programmes et des instructions communiquées par l’homme, elle n’a je le répète ni âme, ni esprit.

Un certain nombre de commentateurs ont cependant réagi à cette victoire et façon étonnante ce sont Bill Gates le Père de Microsoft et Stephen Hawking associé à d’autres scientifiques qui ont manifesté leur vive inquiétude, en indiquant que « l’intelligence artificielle pourrait être la pire erreur de l’Histoire de l’humanité », en quelque sorte un pas de plus vers le Trans humanisme, le rêve caressé de la société Google. C’est en tout cas ce que le célèbre physicien Stephen Hawking a affirmé dans une tribune pour le quotidien britannique The Independent.

Aux yeux de Stephen Hawking, nous serions comme aveuglés par le progrès et l’innovation, nous aurions fait comme l’impasse des limites « éthique » et des garde-fous nécessaires au développement d’une telle technologie.

Alors faut-il s’inquiéter des développements et des formes nouvelles que revêt cette forme singée de l’intelligence humaine. En premier lieu j’aimerais préciser à nos lecteurs que le fruit de cette conception de haute technologie est le fruit de l’intelligence humaine, en conséquence, le génie est ici purement humain et c’est au concepteur Demis Hassabis, le concepteur d’Alphago qu’il faudrait ici rendre hommage.

Dans le livre de la genèse dans le deuxième chapitre nous lisons cette exhortation transmise par Dieu à sa créature, « soyez féconds … remplissez la terre et soumettez-la ».

Fécond en hébreu est Parah ce qui signifie être fertile, montrer de la fertilité, de l’inventivité c’est être ingénieux, et mettre en valeur la Terre et tout ce qui est bon pour les hommes. Soumettez-la, Kabash en hébreu suppose une forme de capacité à assujettir, à se dépasser, à transformer les éléments, la matière. Soumettre c’est aussi dominer la matière. Nous montrons ainsi par de nombreux aspects une identité avec le créateur, nous-mêmes nous sommes inventifs et créatifs.

Dès lors les progrès scientifiques et les retombées technologiques sont la résultante de ce « donné » transmis par Dieu à sa créature. Mais si les avancées du génie humain sont étonnantes, elles ne nous surprennent pas en raison même de l’intelligence dont fait preuve l’être humain pour transformer la matière, combiner et inventer à partir des éléments qui constituent la planète.

Dans cette perspective le monde industriel n’a cessé d’évoluer, l’industrie est en effet aujourd’hui dominée par l’automatisation. Les robots viennent assembler, visser, souder, déplacer des composants, fabriquer des éléments ! Dans le domaine médical, certains imaginent que des diagnostics médicaux pourraient être effectués par des machines dotées de capacités infiniment plus performantes que l’humain.

Dans sa dernière encyclique Laudato’Si, le pape François propose une lecture des progrès accomplis par l’humanité mais en définitive lui lancé une forme d’alerte : « les progrès scientifiques, les plus extraordinaires, les prouesses techniques les plus étonnantes… s’ils ne s’accompagnent d’un authentique progrès social et moral, se retournent en définitive, contre l’homme ».

Comme nous le rappelions précédemment des scientifiques comme Stephen Hawking et les professeurs en sciences informatiques Stuart Russel et les professeurs du MIT Max Tegmark et Fran Wilczek, viennent de sonner l’alarme à la suite des dernières évolutions connues dans le domaine de l’intelligence artificielle.

Néanmoins il convient de noter à l’instar de la réflexion partagée par Stephan Hawking de la nécessité d’avoir finalement quelques réserves sur le développement d’une société dont l’organisation sociale, serait confiée à la seule technicité. Jacques ELLUL théologien protestant, dans un fameux livre écrit en 1954 « La Technique ou l’Enjeu du siècle » nous mettait déjà en garde sur les développements de la technique et je reprends ici un des propos, pour Jacques Ellul, La technique dans toutes ses dimensions n’est plus un instrument docile, un simple moyen : « elle a maintenant pris une autonomie à peu près complète à l’égard de la machine »: obéissant à ses propres lois, Jacques Ellul souligne ainsi que la technicité deviendra (est devenue) le principe d’organisation de toutes nos sociétés.

L’essai sur la technicité, de Jacques Ellul était quasi prophétique, aujourd’hui il faut aussi avoir conscience que les salles de marchés sont dominés par les algorithmes mathématiques, que les ordres d’achat et de vente sont passés par des machines, la machine informatique dans les salles de marchés a ainsi sa propre autonomie. Mais ce dont il faut aussi s’inquiéter c’est le développement des robots, d’une quasi automatisation des milieux industriels dont les gestes répétés accomplis autrefois par des opérateurs le sont aujourd’hui par des machines. En chine, un Industriel a décidé de confier toutes les taches de fabrication et d’assemblage à des robots, plus un être humain dans l’entreprise, si deux ou trois techniciens hautement qualifiés et ingénieurs qui assurent les tâches de maintenance et de programmation.

En partageant avec mes lecteurs cette chronique, je songe à ce rêve démiurgique de l’homme qui se prétend Dieu, à la bête de l’apocalypse qui selon moi catalysent à la fois, la vacuité, la dimension matérialiste, le consumérisme, l’aboutissement de l’homme sans Dieu se confiant dans son auto suffisance et puissance. Ce verset de l’apocalypse de Saint Jean résume parfaitement mon propos

Apocalypse 19:20 Et la bête fut prise, et avec elle le faux prophète, qui avait fait devant elle les prodiges par lesquels il avait séduit ceux qui avaient pris la marque de la bête et adoré son image.

Le scientifique qui veut toujours plus loin dans la connaissance et qui franchit le rubicon des lois divines risque bien également de franchir l’interdit de « l’arbre de la connaissance » en s’affranchissant de Dieu.


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